
18.03.2022
Lundi 14 mars, le pass vaccinal a été levé en France. De toute
manière, depuis le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la
pandémie de Covid-19 avait été éclipsée de l’actualité. Alors que la Chine
s’apprête à confiner des millions de personnes en raison d’une recrudescence de
l’épidémie dans le pays, nous avons jugé intéressant de republier le texte qui
suit. Son auteur, Jacques Camatte, né en 1935, est un penseur français issu du
marxisme. Il a fondé, dans les années 1970, la revue Invariance dans laquelle
il a abandonné la théorie du prolétariat pour mettre la notion de communauté au
centre de ses recherches.
« La mort n’est-elle pas plus désirable qu’une vie qui ne
serait qu’une simple prévention contre la mort ? » Karl Marx
Le coronavirus agent causal du covid 19 est le virus de
l'inimitié. Cette maladie signale l'intolérabilité des conditions de vie
actuelles pour les hommes et les femmes qui peuvent de moins en moins les
supporter, exprimant simultanément une fatigue de soi et une haine de soi de
l'espèce
Son apparition résulte d'un long procès qui a commencé au
néolithique avec la coupure d'avec le reste de la nature et l'asservissement
des femmes et la mise en dépendance des enfants.
Plus on lutte contre, plus on renforce ce contre quoi on lutte. De
ce fait la menace du virus (voire d'autres virus) va s'accroître en même temps
que l'inimitié au sein de l'espèce.
La vie en commun deviendra de plus en plus difficile remettant en
cause les fondements de l'espèce qui ne put se manifester au sein de la nature
qu'à cause de la puissance exceptionnelle de sa communauté en continuité avec
tout ce qui vit.
Notre extinction possible est donc liée à l'hyperdéveloppement de
l'inimitié soutenu par l'hyperinvividualisme conjoint à l'énorme
surpopulation affectée par la mégalomanie qui l'empêche d'être présente au
monde et fonde sa folie. Il a également conditionné, du fait de la
destruction de la nature, le développement du dérèglement climatique qui
menace toute vie sur terre. Ce faisant l'espèce se trouve en présence
d'un phénomène d'une ampleur comparable, même s'il fut
différent en sa manifestation - une glaciation - dont elle dut et sut se
prémunir, en se créant les outils (au sens très général du terme) qui lui ont
permis de poursuivre son procès de vie ce que, dorénavant,
elle n'est plus à même de réaliser du fait de sa folie l'empêchant de voir
la réalité. Curieusement ce n'est pas au cours d'une phase de glaciation mais
au cours d'une phase où prédominait un climat beaucoup plus doux qu'a
surgi la dynamique de l'inimitié qui affecte maintenant nos racines.
Mais le procès de vie, tant au niveau organique que psychique, est fondé
sur une coopération et une symbiose. Jusqu'à quand l'espèce pourra-t-elle
tolérer l'inimitié?
La pandémie révèle pleinement l'horreur qu'a constitué la coupure
de continuité avec la nature, la mise en errance en laquelle on ne peut
plus aller plus loin car, plus loin se trouve la mort. Pour y échapper,
seul un immense saut vital peut nous permettre d'effectuer l'inversion salvatrice consistant
à abandonner la dynamique de l'inimitié, comme de l'amitié son complémentaire
dyadique, en retrouvant notre place - présence au sein de la totalité du
phénomène vie, libérés et libérées d'une dyade artificielle.
* * *
Remarque sur la citation sur la citation
de Karl Marx
Cette phrase fait partie, dans les
éditions Costes, 1937, tome V des œuvres philosohiques, du second paragraphe de
la page 58. Dans celui-ci la pensée de K.Marx est plus ample, incisive. En
voici le début, citation incluse:
"Le corps de l'homme est, de par sa nature, mortel. Les
maladies ne sauraient donc manquer. Pourquoi l'homme ne relève-t-il du médecin
que lorsqu'il tombe malade, et non pas tant qu'il est bien portant? Parce que
non seulement la maladie, mais le médecin lui-même est un mal. Si l'homme était
constamment sous la tutelle du médecin, on déclarerait par là-même que la vie
est un mal et que le corps humain est pour les groupements médicaux un objet de
traitement. La mort n'est-elle pas plus désirable qu'une vie qui ne serait
qu'une simple mesure préventive contre la mort? La liberté des mouvements ne
fait-elle pas également partie de la vie? Qu'est-ce que n'importe quelle
maladie, sinon de la vie entravée dans sa liberté? Un médecin permanent ce
serait une maladie dont on ne pourrait même pas espérer mourir et avec
laquelle il faudrait vivre. La vie peut mourir; la mort ne doit pas
vivre".
N'oublions pas que l'objet de l'article d'où ceci est extrait
s'intitule: "Débats sur la liberté de la presse et publications des
discussions de la diète". La liberté dont il s'agit ici n'est pas un
concept métaphysique mais un concept indiquant une concrétude. La liberté
donc est entravée par la censure et le censeur intervient quand il pense que ce
qui est exprimé est un "mal". En définitive K. Marx dénonce le
phénomène de la répression et signale l'impossibilité qu'elle atteigne son but:
" la mort ne doit pas vivre!" Toutefois il ne l'exprime pas de façon
explicite mais à l'aide d'un discours lesté d'une forte inchoation. C'est très
souvent le cas quand on recourt à des comparaisons signalant une difficulté
d'exposition de quelque chose qui nous touche et nous affecte profondément.
Octobre 2021
Lundi 14 mars, le pass vaccinal a été levé en France. De toute manière, depuis le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la pandémie de Covid-19 avait été éclipsée de l’actualité. Alors que la Chine s’apprête à confiner des millions de personnes en raison d’une recrudescence de l’épidémie dans le pays, nous avons jugé intéressant de republier le texte qui suit. Son auteur, Jacques Camatte, né en 1935, est un penseur français issu du marxisme. Il a fondé, dans les années 1970, la revue Invariance dans laquelle il a abandonné la théorie du prolétariat pour mettre la notion de communauté au centre de ses recherches.
« La mort n’est-elle pas plus désirable qu’une vie qui ne serait qu’une simple prévention contre la mort ? » Karl Marx
Le coronavirus agent causal du covid 19 est le virus de l'inimitié. Cette maladie signale l'intolérabilité des conditions de vie actuelles pour les hommes et les femmes qui peuvent de moins en moins les supporter, exprimant simultanément une fatigue de soi et une haine de soi de l'espèce
Son apparition résulte d'un long procès qui a commencé au néolithique avec la coupure d'avec le reste de la nature et l'asservissement des femmes et la mise en dépendance des enfants.
Plus on lutte contre, plus on renforce ce contre quoi on lutte. De ce fait la menace du virus (voire d'autres virus) va s'accroître en même temps que l'inimitié au sein de l'espèce.
La vie en commun deviendra de plus en plus difficile remettant en cause les fondements de l'espèce qui ne put se manifester au sein de la nature qu'à cause de la puissance exceptionnelle de sa communauté en continuité avec tout ce qui vit.
Notre extinction possible est donc liée à l'hyperdéveloppement de l'inimitié soutenu par l'hyperinvividualisme conjoint à l'énorme surpopulation affectée par la mégalomanie qui l'empêche d'être présente au monde et fonde sa folie. Il a également conditionné, du fait de la destruction de la nature, le développement du dérèglement climatique qui menace toute vie sur terre. Ce faisant l'espèce se trouve en présence d'un phénomène d'une ampleur comparable, même s'il fut différent en sa manifestation - une glaciation - dont elle dut et sut se prémunir, en se créant les outils (au sens très général du terme) qui lui ont permis de poursuivre son procès de vie ce que, dorénavant, elle n'est plus à même de réaliser du fait de sa folie l'empêchant de voir la réalité. Curieusement ce n'est pas au cours d'une phase de glaciation mais au cours d'une phase où prédominait un climat beaucoup plus doux qu'a surgi la dynamique de l'inimitié qui affecte maintenant nos racines. Mais le procès de vie, tant au niveau organique que psychique, est fondé sur une coopération et une symbiose. Jusqu'à quand l'espèce pourra-t-elle tolérer l'inimitié?
La pandémie révèle pleinement l'horreur qu'a constitué la coupure de continuité avec la nature, la mise en errance en laquelle on ne peut plus aller plus loin car, plus loin se trouve la mort. Pour y échapper, seul un immense saut vital peut nous permettre d'effectuer l'inversion salvatrice consistant à abandonner la dynamique de l'inimitié, comme de l'amitié son complémentaire dyadique, en retrouvant notre place - présence au sein de la totalité du phénomène vie, libérés et libérées d'une dyade artificielle.
* * *
Remarque sur la citation sur la citation de Karl Marx
Cette phrase fait partie, dans les éditions Costes, 1937, tome V des œuvres philosohiques, du second paragraphe de la page 58. Dans celui-ci la pensée de K.Marx est plus ample, incisive. En voici le début, citation incluse:
"Le corps de l'homme est, de par sa nature, mortel. Les maladies ne sauraient donc manquer. Pourquoi l'homme ne relève-t-il du médecin que lorsqu'il tombe malade, et non pas tant qu'il est bien portant? Parce que non seulement la maladie, mais le médecin lui-même est un mal. Si l'homme était constamment sous la tutelle du médecin, on déclarerait par là-même que la vie est un mal et que le corps humain est pour les groupements médicaux un objet de traitement. La mort n'est-elle pas plus désirable qu'une vie qui ne serait qu'une simple mesure préventive contre la mort? La liberté des mouvements ne fait-elle pas également partie de la vie? Qu'est-ce que n'importe quelle maladie, sinon de la vie entravée dans sa liberté? Un médecin permanent ce serait une maladie dont on ne pourrait même pas espérer mourir et avec laquelle il faudrait vivre. La vie peut mourir; la mort ne doit pas vivre".
N'oublions pas que l'objet de l'article d'où ceci est extrait s'intitule: "Débats sur la liberté de la presse et publications des discussions de la diète". La liberté dont il s'agit ici n'est pas un concept métaphysique mais un concept indiquant une concrétude. La liberté donc est entravée par la censure et le censeur intervient quand il pense que ce qui est exprimé est un "mal". En définitive K. Marx dénonce le phénomène de la répression et signale l'impossibilité qu'elle atteigne son but: " la mort ne doit pas vivre!" Toutefois il ne l'exprime pas de façon explicite mais à l'aide d'un discours lesté d'une forte inchoation. C'est très souvent le cas quand on recourt à des comparaisons signalant une difficulté d'exposition de quelque chose qui nous touche et nous affecte profondément.
Octobre 2021